Une visite du Royaume Tellurique...

Le coeur de Syakalyl battait la chamade... La vie de Maelin ne tenait plus qu'à un fil, et il comptait bien mettre toutes les chances de son côté. Inspirant un grand coup, il décida de mettre cartes sur table.

"Je ne sais si vous connaissez Dame Maelin, ne serait-ce que de nom... Mais croyez moi, je n'ai jamais rencontré coeur plus généreux ni âme plus charitable. Son jeune âge n'a d'égale que sa sagesse et sa soif de vivre. Elle est... du moins, elle était ambassadrice des Moines Trappistes, une guilde de bons vivants éloignée des malheurs de notre temps. Mais Dame Maelin a fait l'objet de plusieurs agressions, des attentats odieux, qui l'ont laissée mourante... Elle souffre d'un poison gravissime."

Son regard se perdit un instant dans le vague, et une infinie lassitude alourdit ses traits.

"La dévotion des moines trappistes n'a pas été en mesure de résorber le mal... Pour seule réponse à leurs prières, les Dieux ont fait savoir que seule la Panacée pourrait guérir Maelin. Les ingrédients qui composent ce remède miraculeux sont rares, et difficiles à obtenir. Notamment, les Dieux exigent que les groupes qui partent à leur recherche soient composés d'une sainte trinité. Autrement dit, pour que les ingrédients produisent leur effet, les aventuriers doivent provenir de trois guildes..."

Syakalyl mit un genou en terre, et baissa la tête.

"C'est pour cette raison que je viens m'adresser à vous. Je vous demande humblement votre assistance. Les tensions entre guildes font que je ne leur accorde qu'une confiance très relative, tant leurs intérêts peuvent diverger. Certaines souhaiteraient vivement voir Maelin disparaître."

Le poing du Tellurien se crispa sur le sol.

"J'ai entendu parler de votre ordre. Je vous sais honorables et valeureux, et étant parfaitement étrangers à ces intrigues, je sais pouvoir compter sur vous. Je vous en prie, accompagnez moi pour quérir les ingrédients !"

L'homme garda la pose, sans plus rien dire ni bouger un cil.

Darius n’avait jamais entendu parler des Moines Trappistes et encore moins de cette Maelin. Mais la confession soudaine de Syakalyl suscita encore plus son intérêt. De nombreuses questions lui venaient maintenant à l’esprit. Il ne put s’empêcher de prendre la parole, au risque de s’attirer les foudres des sœurs Ombrepierre.

- Messire, savez vous qui est l’auteur des agressions envers Dame Maelin ?

Marquant un temps d’hésitation :

- Et connaissez vous la liste des ingrédients nécessaires à l’élaboration de ce remède universel et le lieu où on peut les trouver ?

Il observa Syakalyl qui semblait profondément abattu.

Syakalyl leva les yeux, tout en gardant la pose.

"Nous ignorons encore qui est l'instigateur de ces attentats. L'enquête est encore en cours, nous n'avons que de vagues soupçons. Quant aux ingrédients, oui, nous en avons une liste précise..."

Tandis qu'Alexia suivait attentivement le recit de leur invité, un mystérieux individu vint l'accoster, le visage recouvert d'une lourde capuche de cuir.
Sans même prendre le temps de se présenter à elle, il l'enjoignit à décacheter au plus vite le rouleau de parchemin qu'il lui tendait, avant de la saluer d'une inclinaison respectueuse de la tête.
L'inconnu avait franchi les portes de la citadelle depuis déjà de longues minutes, lorsque la fille d'Ayx acheva la lecture du document. Ses grands yeux bleus paraissaient à présent troublés, en proie au doute ... Relevant lentement la tête du parchemin, elle dévisagea Syakalyl avec un mélange de stupeur et d'incrédulité dans le regard. "Comment un homme d'une telle distinction, affirmant avec conviction se battre pour sauver celle dont son coeur s'était épris, pourrait-il avoir ..."

"L'ambassadeur" lui semblait pourtant de la plus extrême sincérité. Elle avait beau, à l'image de sa soeur, essayer de sonder son âme au moyen d'un charme d'envoûtement qu'elles étaient seules à maîtriser, il lui était impossible de déceler la plus petite trace de perversion. "Soit cet homme est passé maître dans l'art du double-jeu, soit il dit vrai, et se sera mis à dos des ennemis puissants, profondément attachés à sa perte ... Syakalyl nous demande de porter secours à la femme qu'il aime. Nous aurions mauvaise grâce à lui refuser notre concours ..."

Alexia, s'avança dans sa direction, tout en lui adressant un regard glacial : Relevez-vous donc, monsieur ... *ton ironique* "l'ambassadeur du royaume tellurique" Vous risqueriez d'abîmer définitivement vos somptueux atours ...

La chaleur de sa voix tranchait radicalement avec la froideur de son regard.

Alexia, se tournant vers l'un des gardes en faction : Garde!! Veuillez m'apporter le flambeau accroché sur la gauche de l'escalier, je vous prie ... *lui indiqua précisément duquel il s'agissait en le pointant du doigt. Puis assigna un regard passablement courroucé sur la personne de Darius Sombrelame* Je comprends parfaitement que mon ami rôdeur, connu pour son grand coeur, ait aussi prestement devancé vos attentes, Syakalyl. Mais son éventuel soutien n'engage nullement la guilde ... *Alexia mit un soin tout particulier à détacher chacune des syllabes du mot "nullement"*
Je vous serais donc gré de bien vouloir attendre que se tienne notre conseil de guilde, lequel regroupe l'ensemble de nos membres. A l'issue des délibérations, mes soeurs et moi-même arrêterons la position officielle de l'Ordre.
D'ici là, je ne saurais que trop réitérer mon invitation à vous voir rejoindre vos appartements, monsieur "l'ambassadeur" ...

Syakalyl se releva, et hocha la tête en guise de gratitude. Son message avait été entendu et sa requête serait examinée, il ne pouvait décemment souhaiter davantage. Sa seule interrogation portait sur l'homme encapuchonné... Qui pouvait-il bien être ? Serait-ce... Oui, probablement...

"Je vous remercie, vous et tous ceux de votre ordre, pour m'avoir accueilli et écouté. Si vous deviez refuser, sachez que je le comprendrai. La situation est particulièrement complexe et dangereuse, eu égard aux circonstances. Je reste à votre disposition. Si vous me cherchez, je serai donc dans mes appartements."

Une courbette digne et respectueuse ponctua la discussion, avant que le Tellurien parte en compagnie d'un page en direction des quartiers qui lui avaient été alloués.

La missive remise a Alexia par un "drôle" d'individu intrigua fortement Maxyim... achevant une rapide réflexion quand a l'origine et le contenu du pli le guerrier vit l'ancien ambassadeur regagner ses quartiers. Ne sachant pour l'heure que penser il entreprit de le rattraper et de lui poser quelques questions. Montant à présent, comme à son habitude, quatre a quatre, les marches de l'escalier, le mage avançant avec une allure bien moins élevée que celle imprimée par le jeune homme, Maxyim se trouvait maintenant à hauteur de Syakalyl. D'une voix très polie et se voulant rassurant le jeune seigneur Ambre demanda:

Maxyim : Messire, puis je vous demander ou a eu lieu ce terrible drame et en quelle occasion ?

Attendant avec impatience la réponse, il en oublia la politesse élémentaire et s'empressait donc de rajouter :

Maxyim : ... S'il vous plait ...

Surpris par le brusque intérêt du jeune homme, le mage se tourna vers lui et interrompit sa montée des marches. Il haussa un sourcil et soupira.

"C'est une sombre tragédie, qui dénote de nombreux complots ourdis dans l'ombre. Mae... Je veux dire, Dame Maelin, a été agressée une première fois dans la taverne de l'abbaye. Une flèche, tirée au travers du vitrail, l'a ratée de peu. La seconde fois, un serpent particulièrement venimeux, d'une espèce rarissime, a été glissé subrepticement dans son lit... Je ne tiens pas à porter d'accusations, en l'absence de preuves. Mais ce qui est sûr et certain, c'est que nous aurons besoin d'aide pour lui porter secours."

Syakalyl avait été noble seigneur de répondre a Maxyim, sûrement lourdement éprouvé par ce long voyage, le mage aimerait a présent gagner ses appartements mais le guerrier était curieux et voulait a tout prix être sur de son choix final ...
Tout naturellement, mais toujours avec une courtoisie sans pareille il demanda encore :

Maxyim : Messire pardonnez moi de vous retenir encore un peu, mais je souhaitais savoir si vous connaissiez les Fils de Kan? Si tel est le cas, quels sont vos relations avec eux ? Ou elles ?

La rencontre fortuite entre le jeune seigneur Ambre et un membre de la guilde des Kan conduisit le guerrier et l'élémentaliste à parler de leurs tavernes respectives; Quelle ne fut pas la surprise de Maxyim en apprenant que les Fils de Kan et l'Ordre avaient des "amis" communs ...

Sentant peu à peu la lassitude de l'ancien ambassadeur, le jeune homme ne voulut pas le déranger plus longtemps, cependant il lui fallait poser une dernière question :

Maxyim : Messire Defererith, avez vous assisté aux noces de Sire Flavius Ortael ?

Apres avoir achevé sa dernière question, Maxyim planta son regard dans celui du mage et attendait maintenant que Syakalyl lui en dévoile un peu plus sur sa personne ...

"Les Kan ?"

Syakalyl fut incapable de dissimuler sa surprise, et encore moins sa gêne manifeste.

"Oui, bien sûr, nous les connaissons. Nos... relations ont été quelques peu houleuses dans le passé. Lorsque Vorador, leur dieu maléfique, a pris la tête de leur guilde, une guerre éclata entre ses partisans et le Royaume Tellurique. Une guerre au cours de laquelle je perdis ma défunte épouse..."

Inconsciemment, les pouvoirs magiques du mage se manifestèrent par des étincelles lumineuses autour de ses poings serrés, sans aucun doute une émanation du trouble dans lequel ces souvenirs douloureux le replongeaient.

"Mais... lorsque Vorador le Déchu fut chassé, les relations se sont normalisées, apaisées. Sombrecoeur, le maître des Kan, a même participé à mon sauvetage lorsque j'ai été blessé par une lame empoisonnée."

Lorsque Maxyim l'interrogea au sujet des noces de Flavius Ortael, Syakalyl perdit le peu de contenance qui lui restait.

"Je vois que quelqu'un vous a fait part de cet incident... Et bien, oui, sachez que j'y étais invité. J'y représentais mes Frères. Tout s'y déroulait à merveille, jusqu'à ce que Nécro Olf, une partisane de Vorador le Déchu, s'y présente. Vous devez savoir que cette Olf a déserté de chez les Kan après avoir occis ma bien-aimée. Elle est venue me narguer... Je reconnais que je n'ai pas su me contenir, mais qui donc l'aurait pu ? Un esclandre s'en est ensuivi, et Ortael n'a guère apprécié... Sans accepter mes excuses, il nous a tous mis à la porte manu militari..."

Inclinant respectueusement la tête à l'endroit de Syakalyl, le guerrier remerciait à présent le mage :

Maxyim : Messire, je vous remercie de m'avoir répondu, je gage que vous devez être lasse et je puis le comprendre, pardonnez moi encore ces questions mais je devais de m'assurer de certains faits...

Vos quartiers sont sous bonnes gardes prenez vos aises, le page vous indiquera quelle est la chambre qui vous est réservée.

Saluant une fois encore l'ancien ambassadeur, Maxyim entamait la descente des marches de l'escalier et d'un pas pressé gagna la Taverne.

Installé a une table il commença à réfléchir, complots manipulations, meurtres, tentatives d'assassinat tout se bousculait dans sa tête, de nombreuses hypothèses au préalables échafaudées venaient de se dissiper mais uniquement pour y laisser place a d'autres ...

"A votre service, messire. Je reste à votre disposition."

Sur ces derniers mots, Syakalyl se retira dans les appartements qui lui avaient été attribués, et attendit respectueusement, bien qu'un peu nerveusement, qu'on vienne le chercher pour lui notifier la décision du conseil...