A la table de Maxyim

Vehir regarda le nouvel arrivant qui venait de saluer Maxyim. Son apparence ne laissait aucun doute quant à sa profession, il s'agissait bel et bien d'un envoûteur. Il se dit que si c'était une connaissance de son ami le guerrier, il pouvait certainement l'inviter à cette table.
Sans attendre, il interpella l'envoûteur :

- Bien le bonjour jeune homme. Je m'appelle Vehir, l'ainé des Sombrelame et permettez moi de vous souhaiter la bienvenue dans cette taverne où mon gosier commence à se dessécher sérieusement. Puisque vous m'avez l'air de connaître mon ami Maxyim, prenez donc place, je suis sûr qu'il n'y verra pas d'inconvénients.

Vehir se pencha vers le guerrier et lui chuchota à l'oreille :

- Et peut-être qu'au passage ce jeune homme nous paiera une tournée, on ne sait jamais.

Lorsqu'il s'agissait de bière, le vieux mage ne perdait jamais le nord et la petite réplique qu'il adressa a Maxyim n'étonna guère le guerrier ... En revanche la visite d'un ami envoûteur rencontré près des portes de la Kryte eut un tout autre effet.

Le jeune homme adressa un sourire de circonstance à l’ endroit de Vehir et aussitôt se tourna vers Ank et lui proposa une nouvelle fois de prendre place :

Maxyim : Ank ?? Ank Antinous ? Quelle agréable surprise !!
Mais venez donc vous asseoir, comme vous l'a déjà dit Vehir *clin d'oeil a l'adresse du mage* Vous etes tout naturellement le bienvenu !!

Relevant l'extrême politesse de son ami, le jeune seigneur Ambre s'empressa de dissiper les doutes de son interlocuteur et lui dit :

Maxyim d'une voix calme et rassurante : Me déranger Ank ? Mais nullement voyons !!

N'ayant pas fait, de prime abord, attention a la totalité du contenu de la salutation de l'envoûteur, Maxyim se demandait, maintenant, pourquoi Messire Antinoüs lui devait des excuses ... Sa rapide réflexion achevée il ne manqua pas de demander :

Maxyim interrogateur : Des excuses Messire ?? Je ne comprends pas expliquez vous ...

Le souvenir de l'envoûteur ne lui avait laissé que de bonnes impressions et le guerrier était très content de le compter a sa table mais cette petite énigme des excuses, soulevée par Ank le plongeait a présent dans l'expectative ...

Après avoir saluer Vehir d’un respectueux signe de tête, et agréablement touché de cet accueil, Ank ne se fit pas prier plus longtemps pour s’asseoir en face de ses convives. Toujours d’un naturel anxieux face aux personnes qu’ils ne connaissaient pas, son cœur battait encore un peu fort. Et le Mage ne cessait de l’observer comme s’il se demandait ce que son ami Guerrier pouvait bien avoir en commun avec un Envoûteur un peu trop raffiné et maniéré pour être un bon combattant.
Alors qu’il avait prétexté des excuses comme motif de sa venue, Ank se demanda s’il n’allait pas finalement se couvrir de ridicule en racontant les quelques confidences qui l’amenèrent à retrouver le Maître d’Armes.

*coup d’œil vers Vehir qui faisait mine de regarder le fond de son verre presque vide*

Ank : L’autre soir, Messire Maxyim, je vous ai bien entendu appelé mon nom au loin. Et je n’ai hélas pu vous rejoindre à temps pour vous saluer. J’étais à ce moment précis en litige avec un missionnaire trop pressé et avide de pouvoir, qui n’avait pas apprécié mon inexpérience, et qui se complaisait à me réprimander plutôt que de me conseiller. Ce n’est pas dans mes habitudes d’être si impoli, mais je ne pouvais pas non plus me laissez traiter de la sorte par cet inconnu. N’ayant pu répondre à votre appel, je tenais à m’en excuser.

A ces mots, Ank se tourna immédiatement sur sa chaise en direction du bar, comme pour ne pas avoir à constater les réactions entre le Mage et le Guerrier.

- Hola, Tavernier, remettez-nous donc une tournée de ce breuvage et apportez-moi...*s’apprêta à réclamer un bon verre d’absinthe de l’abbaye d’Ashford puis rectifia subitement son choix pour facilité son intégration*...la même chose.

Ank, soulagé de voir s’esquisser un sourire sur le visage de Vehir, poursuivit ses explications auprès de Maxyim.

- Cet incident m’a rappelé justement la conversation que nous avions eue le soir où nos chemins se sont croisés. Nous bavardions, assis tranquillement sur le plus haut sommet du Promontoire, à regarder le soleil glissé sur les cimes enneigées et en prenant une boisson chaude en compagnie d’Harmonie. Je compris alors les émotions que vous m’aviez exprimées, d’avoir plaisir à prendre le temps de vivre, s’arrêter boire un verre dans cette Taverne, ou laissez nos armures sur la plage pour aller prendre un bain dans la mer de la Kryte du Nord, plutôt que de chercher sans cesse à flirter avec la Mort au combat. J’apprécie beaucoup votre philosophie et voulais vous faire partager mes sentiments à cet égard…

En entendant l’envoûteur commander une autre tournée, le sourire de Vehir s’étira jusqu’aux oreilles. C’était là des paroles qui lui plaisaient et qui à son grand regret se faisaient plutôt rares depuis quelque temps. Il s’adressa discrètement à son ami guerrier :

- Dites moi Maxyim, voilà un jeune homme qui a du savoir vivre. Cela faisait longtemps que je n’avais pas rencontré quelqu’un d’aussi courtois.

Puis, il attendit poliment que l’envoûteur ait fini de parler avant d’enchaîner :

- Permettez moi de vous dire, cher Ank, que nous apprécions également les gens qui savent prendre la vie du bon côté. Bien que le malheur se soit abattu sur la Tyrie, il est toujours agréable de faire une pause avec ses amis autour d’une bonne bière. *clin d’œil*

Le guerrier était à présent rassuré, Messire Antinoüs lui avait révélé le pourquoi de ses excuses. Sur un air de plaisanterie Maxyim regarda l'envoûteur et lui dit :

Maxyim : Il est vrai Ank, qu'après un tel affront j'aurais du vous passer par le fil de mon épée, mais puisque vous nous offrez une tournée je vais avoir la clémence d'oublier votre acte ...

Ne pouvant s'empêcher d'éclater de rire le jeune homme poursuivit :

Maxyim : Vous m'avez, l'espace d'un instant "fichu", une belle "trouille" mon ami, sachez que pour ce genre de petite déconvenue vous n'avez nullement besoin de vous excuser...
En revanche j'apprécie le fait que vous y aillez songé *sourit*

Pendant que nous dégustons le breuvage béni de notre ami Vehir, peut être vous conterez nous votre petite mésaventure ...
Et par la même vous verrez a quel point il est agréable d'échanger quelques paroles au sein d'une taverne autour d'une bonne table entouré d'amis *clin d'oeil a Vehir*

Se tournant a présent vers la mage, le seigneur Ambre confirma les sentiments de Vehir a l'endroit d'Ank Antinoüs :

Maxyim : Vehir, tu as parfaitement raison notre ami envoûteur est d'une courtoisie telle qu'elle en ferait de l'ombre a celle de ton frère ... *sourit*

Attendant a présent la commande de son ami Ank, le guerrier se demanda comment une personne pouvait houspiller et critiquer Messire Antinoüs quand au fait de mener a bien un combat ...

Lorsque Maxyim évoqua la courtoisie du frère de Vehir, Ank rougit d’humilité un instant et s’aperçu soudainement que tant de politesse ne lui était pas étranger. En dévisageant le Mage, il se rendit compte des quelques traits de ressemblance avec ce jeune Rôdeur qu’il avait rencontré un soir devant la Taverne.

Ank : Messire Vehir, votre frère ne se prénommerait-il pas Darius ? Sachez que j’ai eu l’occasion d’échanger quelques mots avec lui.

A ce moment là, une jeune fille dont le sourire tentait de dissimuler une timidité d’adolescente introvertie, apporta le plateau et commença à déposer les bières sur la table.

Ank s’adressant à Max : Vous voyez, mon ami, Darius pourrait illustrer mes propos au sujet de ces moments où l’on ne prend pas assez le temps de vivre. Lorsque je l’ai croisé, je me rendais précipitamment à une réunion d’officiers à laquelle j’avais été convoqué quelques instants auparavant. Devant tant d'affabilité, je me suis arrêté un court moment pour le saluer et souffler un peu. Mais j’ai du écourter notre conversation pour ne pas manquer à mes obligations.
*soupir* Je serais bien rentré dans la Taverne pour boire un verre avec lui et conter nos aventures.
*se penchant vers le Mage* Messire Vehir, j’espère ne pas avoir offensé votre jeune frère, et je vous remercie de bien vouloir lui transmettre mes amitiés lorsque vous le verrez.

L’Envoûteur, fouillant dans une de ses poches, sortit un petit sac de runes, dont il ne se séparait jamais, pour prendre sa bourse. Apres avoir payé pour les breuvages, il empoigna discrètement la main de la fillette et lui chuchota à l’oreille :

Ank : prends cette pièce d’or, c’est pour toi, et ne dit rien à ton patron. Allez va !

Puis il leva alors son verre et déclama : « Au hasard qui a fait croiser nos chemins »

C'est avec avidité que Vehir se saisit de la bière que venait d'apporter la jeune serveuse. Il venait de vider la moitié de sa choppe d'un seul trait lorqu'il se souvint que l'envoûteur l'avait questionné au sujet de son frère. Il essuya la mousse qui dégoulinait le long de son menton d'un revers de la main :

- En effet jeune Ank, mon frère se prénomme bien Darius. Il a d'ailleurs beaucoup apprécié d'avoir fait votre connaissance.

Il ne put s'empêcher de penser que ce n'était pas le cas de tout le monde en voyant une silhouette familière tenter de s'esquiver discrètement.

- Mais rassurez vous, Darius a très bien compris que vous aviez le sens des responsabilité et il n'a pas été offensé de votre départ précipité.

Vehir but une nouvelle gorgée avant de poursuivre :

- Je lui transmettrai vos amitiés et je suis persuadé qu'il sera ravi d'apprendre que vous êtes repassés à la taverne.

Le mage voulut boire à nouveau mais il s'aperçut que sa choppe était déjà vide.


HRP : désolé pour le double post mais Vehir a eu une déconnexion intempestive. Si une aimable administratrice voulait bien corriger cela.

Depuis les jours terribles qu'avaient à vivre au quotidien Ascalon, la richesse se faisait rare mais voyant le geste bien attentionné d'Ank a l'endroit de la serveuse le guerrier ne pu s'empêcher de dire :

Maxyim : Ank votre richesse d'âme et votre générosité sont a la hauteur de votre courtoisie je suis ravi de vous compter parmi mes amis ...

*Se levant il tendit bien haut sa chope* Vehir portons un toast pour Ank ... *S'arrêtant un instant*

Une silhouette familière venait d'apparaître au loin, dans le vaste hall une jeune femme semblait vouloir discrètement quitter "la forteresse". Bien qu'ayant une vue perçante Maxyim ne distinguait pas clairement les traits de la jeune femme mais en revanche il remarqua que celle ci possédait deux bottines différentes ...
Le jeune guerrier décida d'aller voir cela de plus près et pour ne pas manquer de politesse à l’ endroit de ses amis il s'excusa vivement:

Maxyim reposant la chope : Pardonnez-moi mes amis, je reviens dans un instant ...

Quittant sa table le seigneur Ambre pressa le pas en direction du Hall et à mesure qu'il se rapprochait de l'objet de son intrigante vision il vit qu'il se retrouvait en face de nulle autre qu'Alexia...
Voyant a présent que la jeune femme ne possédait pas deux bottines différentes mais bien une bottine et ... pas l'autre, il l'attira discrètement dans un endroit a l’abri des regards et lui demanda qu'elle était la raison de cette déchausse :

Maxyim chuchotant au creux de l'oreille de la guerrière : Mademoiselle que vous est t-il donc arrivé ? Que signifie ce ... pied nu ??

Alexia paraissait gênée et d'un ton rassurant le guerrier lui dit :

Maxyim : Hum accepteriez vous de m'accompagner dans ma chambre? J’y aurais là quelques "objets" capables de remédier a votre ... problème

Laissé pour compte par la noble Krytienne, le guerrier n'en croyait pas ses yeux ... Non seulement son offre avait été refusée mais plus que tout elle avait été bafouée et piétinée par les pieds, si charmant soient ils, de cette Dame.

Regardant la demoiselle s'éloigner, Maxyim venait d'être désarçonné par tant de manque de considération à son endroit.
Mais très vite il se ressaisit et regardant un instant dans la direction d'une des serveuses il demanda:

Maxyim : Mademoiselle pouvez dire a mes amis de la table près de la cheminée que j'en ai encore pour un petit instant ...

Se détournant poliment de la jeune femme il entreprit de rattraper mademoiselle Ombrepierre...
Montant quatre a quatre les marches de l'escalier il eut tôt fait de se trouver a hauteur de la jeune guerrière ...

L'apostrophant en lui serrant doucement un bras, Maxyim lui dit :

Maxyim : Alexia? Ne pensez vous pas que mon offre méritait tout au moins une réponse ? Votre éducation ne vous a t-elle pas apprise à respecter un certain code de conduite ? Comme par exemple saluer les personnes et leur répondre lorsqu'il vous adresse la parole ?

*lache le bras de la jeune femme*

Maxyim haussant un tantinet le ton : Pensez-vous qu'après un tel affront je puisse encore avoir envie de vous proposer mon aide ? Oh et puis après tout restez pied nu cela m’est complètement égal *jette un carré de cuir au pied de la guerrière* la queue d’Alior ne s’en portera que mieux …

Vexé le guerrier se détourna de la jeune femme et sans même lui jeter un ultime regard descendit les marches du somptueux escalier en grommelant ...

Maxyim passablement en colère : Ahh les femmes ... à prêt tout qu'elle aillent toutes à Grenth

La tempête Ambre passée, Alexia se retourna enfin, dirigeant son regard sur la pièce de cuir qu'il lui avait jetée au sol.

Alexia, ses grands yeux bleus à présent rivés vers le guerrier arrivé, vociférant, en bas des marches : Si vous pensez que je vais vous faire l'honneur de me baisser pour m'en emparer, c'est bien mal me connaître, Maxyim ... Passez une bonne nuit, en compagnie de vos tristes fréquentations ...

Sur ces mots, elle referma derrière elle et le plus calmement du monde la porte de sa chambre, avant de s'en aller remplir une petite bassine d'eau, destinée à accueillir ce pied nu qui lui semblait avoir séjourné bien trop longtemps au milieu des immondices de la taverne.
Mais alors qu'elle portait le récipient à bout de bras, la guerrière ne pu s'empêcher de songer à ce carré de peau qui trônait à deux pas de sa porte ... Ce carré de peau qui menaçait de se voir récupéré au passage du premier voyageur amené à regagner sa chambre à l'étage. Ce carré de peau qui représentait, malgré tout, la solution à son problème.
Posant la bassine sur la commode, elle enfila ses chaussons, et entrebailla la porte en prenant soin de ne surtout pas faire grincer la poignée. A sa grande satisfaction, la pièce de cuir n'avait pas été délogée de son emplacement! Faisant lentement émerger le braquemart de son fourreau, Alexia, toujours abritée derrière sa porte entrouverte, en pointa la lame vers l'objet de sa convoîtise, lequel, une fois saisi, ne se fit pas prier pour rejoindre, en glissant prestement sur le parquet, les doigts impatients de la jeune femme ...

Alexia, le visage illuminé d'un sourire éclatant, parlant à voix basse sur un ton moqueur : Merci pour ce charmant présent, seigneur Ambre ... Je saurai en faire bon usage, croyez-moi ...

Continuant la descente des marches, le guerrier fut pris de remords, non pas du fait de s’être un peu emporter à l’ endroit de la jeune femme car un tel affront méritait au moins cela mais plus de l’avoir laissé se débrouiller seule avec cette pièce de cuir …
Rebroussant chemin il entamait une nouvelle ascension quand la phrase de la Krytienne résonna de plus belle « … Me baisser, c’est bien mal me connaître Maxyim … » le souvenir de l’intonation prise par Alexia raviva la flamme de la colère et le guerrier ne put s’empêcher de … jurer :

Maxyim : Pas se baisser, pour une si belle pièce de cuir … eh bien soit que la Peste l’emporte ….

Il redescendit quelques marches et pensa au cuir de très belle texture il se dit que c’était trop bête de le gâcher et pivota une fois encore afin de se diriger vers les appartements de la Dame.

Maxyim : Elle ne compte pas se baisser et bien moi si !!

Arrivé au sommet de l’escalier, le jeune homme fit quelques pas et quelle ne fut pas sa surprise : Le carre de cuir avait bel et bien disparu …

Se pourrait-il que la demoiselle s’est « aveulie » et aie pris la lourde peine de ramasser le cuir au point de se baisser ??! Non impossible voyons … Mais alors ?? Une personne l’aura sans doute vue et s’en sera emparé sans demander là son reste …

Maxyim : Eh bien voila Mademoiselle « j’envoie balader les gens » tant pis pour vous c’était une pièce magnifique et vous auriez pu vous confectionnez un lacet très solide …
Hum mais peut être que dans un moment de clairvoyance, Alexia se serait donné la peine de le prendre …

Cette dernière hypothèse, ne faisait que renforcer son idée de l’humeur versatile des jeunes femmes et souriant en se remémorant : « … C’est bien mal me connaître Maxyim… »

Maxyim souriant : Ben voyons Alexia …

A cette pensée et d’un élan de gentillesse le seigneur Ambre gagna le bar de la Taverne et demanda au gérant deux parchemins et une plume.

Ne pouvant s’empêcher de sourire et parfois même pouffer tout au long de la rédaction de la missive a l’endroit de la Noble jeune femme, le guerrier imaginait les scénarios les plus cocasses du a la confection improbable d’un lacet …
Alexia s’appliquant à découper le morceau de cuir de manière très précise et s’apercevant que la lanière était trop raide pour l’usage de ses bottines ou encore Alexia s’énervant et n’arrivant pas à découper le carré de cuir du a une résistance insoupçonné de celui-ci, une kyrielle d’autres encore lui traversaient l’esprit mais bien vite la lettre fut achevé par un dernier petit schéma explicatif et l’heure n’était plus a rire mais plutot de sortir un autre morceau de cuir …
De son côté et en un battement de paupière le guerrier venait de travailler et assouplir un carré de cuir et découper une belle et longue lanière de cuir souple.

Roulant le premier parchemin sur lui-même, Maxyim y attacha la lanière tout autour, faisant un triple tour car la longueur de la lanière était bien trop grande pour faire uniquement office d’attache…
Une énième ascension du colossal escalier s'avérait fatigante mais l’endurance et la vigueur du guerrier firent qu’il n'eut pas besoin de longtemps pour se trouver en face de la porte d'Alexia.

*se baissa*
*Déposa les deux(*) parchemins sous la porte*

(*) Le deuxième parchemin ou l'on pouvait lire :
Quelques explications utiles pour qu’à la fin de votre ouvrage vos doigts restent toujours aussi délicats ...

S'éloignant petit à petit le guerrier pensa :

Maxyim : A défaut de réussir la confection elle pourra toujours me dire qu'elle n'a même pas pris la peine de me lire et en utilisant la lanière servant à enrouler le parchemin elle pourra se targuer d'avoir réussi sans l'aide de personne et ainsi son honneur sera "sauf".
Ahh ces femmes par moment tellement … ... mais si touchantes et attachantes à la fois ...

Enfermée à double tour dans sa chambre et armée d'une paire de ciseaux en principe dédiée à la couture, la guerrière, pourtant inexpérimentée, s'était appliquée à découper la pièce de cuir sur sa plus grande longueur.
Elle n'avait pas droit à l'erreur, et l'exercice s'avérait délicat. Son pouce, son index et son majeur luttaient pour avoir raison de l'épaisseur du matériaux, et elle s'imaginait déjà avec horreur arborant quelques signes extérieurs de douleur sur sa main droite, une fois sa tâche achevée.
Le lent travail de découpe arrivé enfin à son terme, la jeune femme ne put retenir un râle de soulagement. L'effort déployé, la douleur induite par ce dur labeur, manquèrent d'avoir eu raison de sa patience, si bien que s'érigea au fil des minutes, devant ses immenses iris bleutées, une fine parois de larmes qui ne demandèrent qu'à trouver leur échappatoire. Mais ce que son coeur était disposé à consentir, son orgueil, lui, s'y refusait ... Qui plus est, son maquillage, quoique léger, en pâtirait ... Cette vision apocalyptique de son visage défiguré par une coulée de rimmel la convainquit de recourir sans tarder à l'un de ses précieux mouchoirs en soie!

Assise à son bureau, le regard plongé dans sa glace, le tissu n'était pas entré en contact avec ses yeux humides qu'elle arrêta soudain son geste en découvrant, émue, ses initiales brodées à même le mouchoir.
Alors qu'elle en caressait la surface douce et soyeuse, Alexia regrettait en cet instant que cet être si cher à son coeur, qui le lui avait offert, ne soit pas présent à ses côtés ...

Alexia, une larme noirâtre coulant le long de sa joue gauche : Toi qui m'as appris à repriser mes vêtements, ainsi qu'à faire du feu à partir de simples morceaux de magnétite, je suis certaine que la confection d'un vulgaire lacet ne t'aurait guère prise plus d'une petite heure ... Seulement, ta soeur ne sait rien faire de ses dix doigts ... RIEN!! ABSOLUMENT RIEN!!

D'un revers rageur de la main, elle envoya cuir et ciseaux s'écraser au sol, avant de courir en pleurs vers la porte et de s'y laisser choir, les ongles de la jeune femme creusant à jamais leurs sillons sur plus d'un mètre de la lourde épaisseur de chêne!
Jusqu'à l'âge de ses 18 ans, Alexia disposait d'un cordonnier qui se serait mis en quatre pour la satisfaire à toute heure du jour et de la nuit. A présent qu'il lui fallait travailler elle-même le cuir, il lui arrivait de ne plus reconnaître, devant son miroir, celle dont la présence réhaussait le prestige des plus grandes cérémonies que connut la Kryte ... Désormais vêtue d'une jupe longue comme nombre d'autres femmes de son âge en portent de par le royaume, et d'un pull en laine blanche également des plus courants, plus rien -ou plus grande chose- ne la distinguait extérieurement de "Madame Toutlemonde".

Alexia, assise par terre, les bras cerclant ses genoux ramenés en arrière : ... Et l'autre vieux hibou qui m'appelle maintenant sa "poule" ou sa "cocotte" ... Avec sa barbe mal taillée et ses "bonjour, messire", qui se prend pour un gentilhomme en public, mais révèle sa vraie nature en privé!

Tandis qu'elle était occupée à pleurer sur son sort et passait en revue Kira, qui se plaisait à la qualifier de "comtesse déchue", quelques pas se firent entendre de l'autre côté de la porte. Un silence prit place une poignée de secondes, et Alexia, intriguée, se retourna aussitôt, portant un oeil à la serrure ...
"Maxyim ?!", s'exclama-t-elle intérieurement. "Que vient-il àà nouveau faire devant ma porte, celui-là ?!"

La guerrière avait beau se donner l'air sévère, elle n'en reconnaissait pas moins au jeune homme une certaine constance dans la galanterie qui lui rappelait parfois son âge d'or ... Oui, mais seulement, tout à l'heure, il lui avait jeté la pièce de cuir aux pieds, et l'avais saisie par le bras, comme l'aurait fait le premier paysan venu!
Son sentiment à son égard pris entre deux feux, elle attendit qu'il se soit éloigné pour entrouvrir la porte.
Deux rouleaux de parchemin gisaient à quelques centimètres d'elle et de ses yeux médusés!

Défaisant avec une infinie précaution la lanière qui scellait le premier document, elle se l'enroula autour du poignet le temps que dura la lecture de la missive au libellé ironique.

Alexia : Mes doigts ont beau être délicats, ils n'en demeurent pas moins magnifiquement profilés pour tatouer un visage quelques minutes, vous savez ... *ajouta-t-elle à voix basse pour elle-même, le sourire aux lèvres, touchée par le geste de son ami, plus délicat encore que ne l'étaient ses petits doigts*

Ayant refermé la porte, son regard était à présent rivé hypnotiquement à son poignet. Se relevant, elle se dirigea d'un pas léger vers son lit, au pied duquel trônaient ses bottines de gladiatrice. Se débarrassant au plus vite du lacet cassé, elle se dépêcha de faire passer le présent du maître-instructeur entre les divers interstices de sa chaussure.
Quittant ses chaussons, ce ne fut pas sans quelques frissons qu'elle glissa un pied dans chacune de ses bottines, prenant soin de tirer vigoureusement de part et d'autre du nouveau lacet au moment d'en faire le noeud, éprouvant ainsi l'oeuvre du seigneur Ambre, lequel, malgré ses nombreux talents, reste avant tout un combattant.

Alexia, satisfaite de son petit test, faisant quelques pas sur la terrasse de sa chambre : J'admire votre sens de la débrouillardise, Maxyim. *Rougissant soudainement malgré elle, Alexia porta son attention sur un attroupement de badauds ivres-morts* Pour ne pas dire que je vous l'envie ... Mais ne comptez pas sur moi pour vous l'avouer un jour ...

Le guerrier vexé par l'attitude d'Alexia s'était finalement attendrit et lui avait en quelque sorte pardonné ...
Il commençait la descente de l'escalier, quand il aperçu au bas des marches la jumelle de celle qui venait de l'offenser, l'intersection des deux jeunes gens aurait pu donner lieu a un échange de politesse mais au lieu de cela Nymphea préféra adresser a Maxyim un sourire moqueur ...

Voulant s'arrêter et refaire une leçon de morale au double d'Alexia, le guerrier renonça. Se donner cette peine envers la jeune guerrière n'aurait aucun impact si ce n'est celui d'énerver encore davantage le jeune homme. Nymphea passée, Maxyim dit :

Maxyim d'une voix audible et sans se retourner : Merci Nymphea... a vous aussi une bonne soirée et surtout aller a Grenth ... au plus vite.

Terminant tranquillement la descente des dernieres marches il allait gagner la Taverne.

Le regard perdu vers une ligne d'horizon indéfinissable, Alexia se tenait droite sur son balcon, les bras croisés, lorsque résonnèrent à ses oreilles les mots de cette personne dont l'absence lui avait tant pesée, l'après-midi durant.

Alexia, clignant des yeux et se retournant aussitôt : ... Nymphea ?!

Le coeur amoureux de la guerrière se mit instantanément à battre la chamade, et il ne lui fallut guère plus de 2 petites secondes pour passer de la terrasse à la porte donnant sur le couloir et l'être aimé!
Haletante, les mains posées sur la surface massive en bois de chêne, la jeune femme pouvait sentir celles chaudes et réconfortantes de sa jumelle, qui l'attendaient à quelques centimètres à peine, de l'autre côté de l'épais battant. Un frisson lui parcourut le corps à l'instant-même où elle abaissa la poignée, lorsqu'elle repensa à cette affreuse coulée de rimmel sur sa joue, qu'elle n'avait pris le temps d'essuyer!
Dissimulant la moitié gauche de son visage dernière une main tremblotante, elle tira la porte vers elle, priant pour que sa soeur, qui la fixait déjà d'un regard intensément brillant, prête le moins d'attention possible à son étrange comportement.

Alexia, lui saisissant le poignet pour l'attirer en quatrième vitesse à l'intérieur : Ne reste pas sur le palier, mon coeur, ou tu risques d'attraper froid, tant ce couloir me paraît boudé par le poêle capricieux censé le réchauffer ... *lui sourit timidement, ses grands yeux azur plongés dans ceux de son envoûtante moitié* Viens, allons nous asseoir ...

La main dans la main, les deux jeunes femmes décidèrent de s'installer sur le rebord du lit, à deux pas de la cheminée.

Alexia, le regard impassiblement dirigé vers le foyer, caressant du pouce un mystérieux anneau de cuir ornant son auriculaire : C'est la dernière bûche de la soirée. J'espère qu'elle ne me lâchera pas avant le passage du marchand de sable ...