Des Racines trop bien enfouies.

Le passé est bien froid ...

Plongée dans ses souvenirs.

Un vent doux et glacé vint frôler délicatement les joues de Ciaelü qui contemplait les paysages alentours. Elle regardait, passionée, ces terres qui l'avait fait naître quinze ans auparavant...

Ciaelü s'agenouilla raclant doucement du bout du doigt un peu de neige . Elle réfléchissait là sur cette petite crête discrète et ardue de son avenir, et de son passé ...

Les Cimes du Sorciers, des terres réputées pour avoir envouté les plus grands magiciens mais aussi pour les avoir conduit à leurs morts . Un territoire de désolation où seul un petit village persiste a vivre et non sans peine !

Ciaelü jetta un regard sur les chaumières qui logaient dans une petite vallée a mi-chemin entre la neige et la verdure; la Place des Fous . Car oui, il fallait bien être fou pour subsiter dans des terres aussi pauvres et peuplées par de terribles élèmentaires . Malgrès tout, Ciaelü jugait les Cimes comme riche d'inspiration, de beauté et d'énergie mystiques extrèmement puissantes .

Il fallait bien plus que toute une vie acharnée d'étude et de réfléxion pour comprendre de quelle facon et pourquoi ces énergies attiraient tant les magiciens et pourquoi s'étaient-elles installées ici dans des terres perdues .

Très peu de savants, d'élèmentalistes ou d'envoûteurs étudièrent celle-ci . Souvent ceux-ci se contentaient de profiter de la magie qui émergeait des Cimes mais les parents de Ciaelü, eux, firent bien autrement ...

Un homme mystère...

-Hem ... Non, je ne vois pas. Comment vous dites qu'ils s'appellaient ?

Ciaelü restait droite et fixe sur son petit bout de plancher regardant la vieille dame préparer un peu de thé.

-Kariyan et Adrielle.
-Ca me dit rien du tout, désolé. Kariyan ...

La vieille femme réfléchissa un moment se frottant le menton ...

-Non je ne vois vraiment pas.
-Ah ... Tant pis. Je trouverai bien.

Ciaelü fit semblant de sourire par politesse puis se dirigea vers le palier.

-Adrielle ... Hem ... Ah ! Attends ! Si je me souviens maintenant ! cria la vielle dame.
-Vous êtes sure ?
-Bien sur que j'en suis sure ! C'était il y a longtemps ! Il a fallu que ca me remonte au cerveau. C'était de sacrés énergumènes, ils venaient souvent ici, à la Place du Fou, pour se ravitailler et quelques fois dormir. Je ne les conaissais pas personellement mais tout le monde au village avait au moins connu tes parents de vue. Ils faisaient des recherches sur un des plus grands Pic des Cimes, c'est très dangereux là-haut et malgrès beaucoup d'avertissement, de conseil et de suplication ils y sont allés.
-C'est sur ce Pic qu'ils sont décédés ?
-Surement, oui. Mais ils n'étaient pas partis seuls. Un homme, une sorte de trappeur, les a acompagnés.
-Vous savez ce qu'il est advenu de cet homme ?
-Du tout. Il n'est jamais revenu au village alors beaucoup le croient mort lui aussi.
-Je vois ... Madame, je ne vous remercierai jamais assez !
-Ce n'est rien que de donner un peu de son temps. A bientot jeune fille !
-Adieu et encore merci.

Ciaelü sortit presque libérée de la petite caravane mais lorsqu'elle affronta le fait que ce fameux trappeur s'était volatilisé, elle ne put que repousser le problème à un autre qui avait l'air bien plus compliqué encore ...

Des pensées bien confuses

Ciaelü était toujours perdue dans ses pensées troubles et terriblement compliquées ...

Elle était prise de nausées et de maux de têtes de facon continue depuis maintenant des jours et la jeune fille ne put qu'envisager une seule chose ; retrouver cet homme d'où planait tout ce mystère qui entourait la mort de ses parents ...

Mais comment ? Et où devrait-elle chercher ? Un terrible sentiment vint s'emparer d'elle. Ciaelü se sentit alors incapable et se replia fatalement dans ses réfléxions dont le pessimisme abondé.

Sortie de sa torpeur.

Toujours troublée par ses réflexions dernières Ciaelü restait là, assise sur une petite souche coupée raz. Elle aurait pu méditer encore bien longtemps si elle n'avait pas été troublée par un étranger qui pour elle fut mal venu ...

-Dame, dit-il d'une voix douce lui tapotant lègerement l'épaule.
-Oui ? répondit Ciaelü tristement.
-Je vous ai vus las et en désarroi sur cette souche depuis des heures et je me disai qu'il allait bien falloir que vous alliez manger ou dormir.

L'homme adressa à Ciaelü un sourire bienveillant. La jeune fille le regarda de haut en bas; c'était un homme très séduisant, cheveux court et brun lègerement inclinés vers la droite avec des yeux bleux et percants, habillé d'un ensemble de vêtements très sérrés d'un vert tape-à-l'oeil.

-Je n'ai pas vraiment faim et je n'éprouve nullement de sommeil. Laissez moi s'il vous plait ...

Le jeune homme paraissait lègerement troublé puis se reprenant tenta de la raisonner;

-Dame, je vous en prit, ne serait-ce pour vous, accepter de venir vous rasasier. Cela me ferait plaisir que de vous voir accompagnée.

Il sourit à nouveau comme sur qu'à ses paroles on ne pouvait refuser son invitation.

-Je ne sais pas ce que vous me voulez mais je vous l'ai dit et vous le rèpete, je souhaite rester seule !

L'homme fut cette fois réellement troublé et essaya à nouveau de la convaincre dans une ultime tentative. Il s'assit à coté de Ciaelü portant son regard vers son visage.

-La vieille quincaillère m'a confié que vous cherchiez comment vos parents sont décédés. C'est vrai ?
-Oui, c'est ca ...
-Hem ... Je suis vraiment désolé. Ce n'est pas quelque chose d'évident à accepter surtout quand on sait que les circonstances de leurs morts ont été bien confuses ...
-Confuses ? dit Ciaelü d'une voix bien plus dynamique. Pour les habitants, elles sont loins d'être confuses.
-Je connaissais quelqu'un qui lui connaissais très bien votre trappeur ...
-Mon trappeur ?
-Vous savez très bien de quoi je veux parler, voyons ! Celui qui a guidé vos parents au plus profonds de ses montagnes !

Le jeune homme prit alors une voix grave et rauque.

-Vous en savez beaucoup sur mon cas pour un simple étranger voulant m'inviter a boire ... Est-ce une coincidence ?
-Allons nous installer à la taverne, nous en parlerons devant un bon rôti.

Dans une taverne, malfamée ...

L'homme ouvrait la grosse porte grincante de la taverne puis après avoir fait passer Ciaelü, la laissa batante derrière lui.

La jeune elémentaliste observait le bar ; des hommes cicatrisés de toutes part lui affichaient de larges et vicieux sourires en vue de son décolté. Le jeune homme qui l'accompagnait la fit passer devant la poussant avec douceur vers une table et lanca un regard haineux aux vicelards.

Il glissa quelques mots à Ciaelü qui avancait lentement entre les tables.

-Veuillez cachez un peu plus vos ardeurs, vous excitez ces hommes.

Sa plaisanterie le fit sourire et Ciaelü ressenti alors un instant du dégout envers cet homme et lui marmonna.

-Je ne vous ai rien demander !

Après leur longue marche dans les aléas de la taverne, le jeune homme finit par asseoir Ciaelü, et posant ses mains sur ses épaules il s'excusa sensuellement à son oreille.

-Après tout, comment ces hommes auraient pû vous résister ? ...

Ce mystérieux jeune homme s'était épris d'elle, et Ciaelü de lui ... Il l'embrassa langoureusement dans le cou puis après un long moment qui avait mélé désir et excitation, il s'assit devant la jeune femme, le sourire aux lèvres.

Ciaelü n'osait prononcer le moindre mot. Son visage écarlate trahissait son discret embaras et ne voulait pas s'avouer une passion amoureuse avec un homme qu'elle connaissait à peine.

Il serrait de ses mains les froides paumes de Ciaelü, tremblante.

-Montons dans ma chambre ...

Il la mena par la main vers des escaliers couinant sous leurs pas puis passant un long couloir dans l'obscurité, il s'arrèta devant une petite porte. Il sortit une longue clef en cuivre et les deux amants pênetrerent dans la chambre.

Le jeune homme ferma la porte s'adossant à celle-ci et regarda Ciaelü un instant. Il s'approcha d'elle et la bouscula sur son lit, les deux jeunes gens tombant à la renverse sur le matelas. Chacun dans les bras de l'autre, le jeune homme allongé sur Ciaelü, ils éclatèrent de rire sous l'énorme pression que leurs exercer leurs gènes.

Ils échangèrent de longs regards amoureux ... Le jeune homme fixant ses yeux caressa d'un geste sensuel sa joue, d'une main, et sa cuisse de l'autre remontant la jupe de Ciaelü vers son bassin ...

Un peu de soleil.

Ciaelü gémissait doucement étirant ses bras. Elle était aux côtés du jeune homme qui dormait encore profondément.

Une douce lumière traversait la petite lucarne de la chambrée et venait caresser le visage de Ciaelü; elle sortait du lit en tachant de ne pas troubler le sommeil de son compagnon et enfilait une sorte de petit drap pour éviter qu'on ne la surprenne nue.

Elle se glissait sur la pointe des pieds jusqu'à la lucarne. Ciaelü souria observant émerveillée le paysage. Des petites pétales roses et blanches allaient au grès du vent se balancant près des carreaux auquels Ciaelü se collait. Elles tombaient d'un grand cerisier sur lequel quelques rossignols couinaient mélodieusement perchés sur les grandes branches de l'arbre majestueux.

-Hého ... lui siffla le jeune homme aux oreilles.

Ciaelü sursauta. Le garcon venait l'enlacer et l'embrasser tendrement dans le cou. La jeune mage savoura le baiser de son amant fermant doucement les yeux.

-Je t'aime, chuchota t-il à Ciaelü, je t'aime même sans connaitre ton nom mais je t'aime.

Il sourit tendrement posant sa tête sur les épaules de la jeune femme.

-Ciaelü, dit-elle en guise de réponse.
-Syanden, dit le jeune homme semblant expirer ses mots.

Ciaelü ravit se logait dans les bras de Syanden, portant son regard vers ces petits oiseaux qui chantaient encore...