Une class action nécessaire pour moraliser le marketing dans les jeux vidéo ?

Jusqu'où a-t-on le droit d'aller pour vendre un jeu ?


Je vous rédige ce message après avoir lu un article de Digital Foundry qui m'a proprement écœurée sur les dérives auxquelles nous assistons aujourd'hui dans ce milieu qui nous est si familier, celui des jeux vidéo.
A la base, il concerne The Witcher 3 et la fameuse polémique du downgrade, par ailleurs pleinement justifiée selon moi compte tenu des méthodes employées par CDProjekt Red pour promouvoir son titre.


La class action, le fameux recours en nom collectif qui fait trembler les entreprises peu scrupuleuses aux Etats-Unis et dans quelques autres pays occidentaux, serait-il aujourd'hui rendu nécessaire pour éviter les abus de plus en plus couramment constatés dans ce milieu ?

Pour rappel, la class action permet de grouper des plaintes individuelles en une seule, afin que la somme des dommages et intérêts demandée par les plaignants se montre véritablement dissuasive envers la société condamnée.

Imaginez par exemple qu'un groupe d'acheteurs du jeu vidéo The Witcher 3 forme une action collective regroupant 1 million de personnes, en vue d'obtenir la condamnation solidaire du développeur CDP et de son éditeur Bandai Namco, au motif qu'ils se servent d'images issues du trailer de l'E3 2013 pour vendre leur jeu, trompant ainsi le consommateur.

C'est drôle, car il se trouve que c'est exactement ce qu'ils ont fait jusqu'à la sortie du titre, comme nous le rappelle Digital Foundry : se servir d'images ou de séquences provenant d'un trailer qui n'a plus rien à voir avec le jeu tel qu'il est disponible dans le commerce.

En cas de succès commercial, une telle condamnation, du développeur ou de son éditeur, voire les deux solidairement, peut revenir extrêmement cher, plusieurs centaines de millions d'euros ou bien dollars. Pourquoi pas même davantage ?

L'idée est donc, vous l'aurez compris, de taper au porte-monnaie pour obliger l'industrie à changer, moraliser ses méthodes marketings.
On simplement menacer de le faire, en prenant soin de mener quand même quelques procédures à leur terme pour bien montrer que c'est du sérieux.


L'exemple ci-dessus est de moi, je l'ai créé de toute pièce, mais c'est exactement ce que préconise en fin d'article Digital Foundry, qui en a assez de voir que les jeux vidéo être vendus de manière de plus en plus malhonnête au fil des années. Le fait que la dernière génération de consoles soit arrivée sur le marché moins performante que la première fait courir le risque de voir se multiplier des séquences impressionnantes présentées comme venues directement de ces machines, alors même qu'elles n'ont largement pas le potentiel pour les produire, trompant ainsi le consommateur sur des critères d'évaluation qui lui paraissent essentiels.

Ils rappellent ainsi par exemple l'affaire du trailer d'Uncharted 4, dévoilé lors de la conférence Sony à l'E3 2014 et présenté comme provenant directement de la machine. Ce qui s'avéra complètement mensonger par la suite, après que la presse ait été conviée à regarder plusieurs minutes de gameplay en décembre dernier, témoignant d'un jeu graphiquement beaucoup plus ordinaire, qui n'avait plus grand chose à voir avec la séquence superbe de l'E3.

Egalement, toujours lors de l'E3 2014, l'impressionnant trailer de The Witcher 3 diffusé lors de la conférence Microsoft, et présenté comme tournant sur la XBox One, alors qu'il s'agissait d'un PC.


Les exemples sont nombreux, et risquent fort de l'être de plus en plus si la justice ne vient pas s'en mêler pour punir financièrement, voire pénalement, les exploitants indélicats.
DF assure qu'ils vont se montrer vigilant lors de l'E3 2015, craignant une surenchère mensongère de la part des éditeurs et des constructeurs.

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http://www.eurogamer.net/articles/digitalfoundry-2015-what-can-we-learn-from-the-witcher-3-downgrade-fiasco

Il y a des claques qui se perdent en effet.
Je suis dubitative sur le fait que ce genre de class action arrive jamais a se faire, du moins en France, quand je lis certains commentaires qui justifient tout et n'importe quoi par le fait que les sociétés d'éditions de jeux sont la pour faire du bénéfice avant tout et de servir du "bisounours" aux éventuels contradicteurs (et ce "certains" représente malheureusement un nombre conséquent de leurs clients)

En France, nous n'avons qu'une class action light à travers la récente loi Hamon.
C'est plutôt aux Etats-Unis, sur le plus grand marché du monde, que se jouent les choses, et là-bas ces procédures sont d'un usage assez courant en dehors du jeu vidéo.

Mais pour parvenir à mobiliser un nombre suffisamment important de joueurs, il faudrait créer un précédent, idéalement sur la base d'un énorme scandale. Ensuite, il suffirait de faire signer électroniquement une déclaration de partie civile par le maximum de personnes concernées.

Une affaire qui toucherait un titre de l'envergure d'un GTA ou d'un Call of Duty ferait grand bruit tant ils sont depuis entrés dans la conscience populaire. Partant de là, une condamnation record aurait immédiatement son petit effet, crois-moi. Les avocats, qui négocient les montants parfois astronomiques des dommages et intérêts de la partie civile, iront jusqu'à embaucher des experts pour vérifier que le marketing est propre et honnête envers le consommateur : p

L'appât du gain des avocats contre celui des développeurs/éditeurs/constructeurs.
L'équilibre de la terreur entre puissances atomiques qui vous assure paix et sérénité.

En fait, à l'heure actuelle, le problème n'est pas tant un petit scandale en particulier que leur tendance vertigineuse à la multiplication, tant les enjeux financiers autour d'un développement sont importants.

Simplement pour remettre en perspective la chose: Combien de potentiels clients de The Witcher 3 ont refuser d'acheter le jeu car non conforme aux promesses faite en 2013 ? (Pas certaine de la date de la fameuse présentation qui avait bluffé tout le monde)
On dois etre a zero, je pense, les clients se contentent de prendre ce que l'on veux bien leurs donner sans attendre. Quelques coups e gueule ici ou là mais ils sont tous en train de jouer et finalement, satisfaient de leur achat. Normal que les boites usent et abusent de plus en plus avec ces procédés malhonnêtes puisque, au final, ils vendent tout autant.

Ce que tu dis là est exactement ce que j'ai synthétisé dans le message juste au-dessus.

Néanmoins, une class action ne vise pas simplement les intentions d'achat, puisque tous les préjudices sont à prendre en compte. Ainsi, le simple fait de se retrouver avec un jeu nettement moins beau que celui vanté, que cela soit au travers de publicités mensongères et de communications échelonnées sur le temps par les développeurs, peut suffire à constituer un préjudice.

Pour l'instant, les consommateurs de jeux vidéo n'ont pas encore le réflexe juridique, se contentant d'être déçus ; mais cela viendra quand un gros scandale éclaboussera la place, et que seront facilitées les constitutions de parties civiles, notamment par le biais de signatures numériques authentifiées.

Et si les clients se contentaient de ne pas acheter, simplement ?
Mais autant demander a un mort de soif de ne pas boire.

Stop voir des dollars dans les jeux vidéos Alexia, tu tiras pas profit de ça.

Funambule a écrit:

Et si les clients se contentaient de ne pas acheter, simplement ?

Si le jeu est bon, pourquoi ne pas l'acheter ?
TW3 a reçu un accueil élogieux de la part de la critique, mais ça n'empêche pas que son développeur s'est montré éminemment malhonnête durant toute la campagne promotionnelle, soit de l'E3 2013 à aujourd'hui.

Meli> Je ne suis pas avocate, je ne prêche pas pour ma paroisse : p

Alexia Ombrepierre a écrit:

Funambule a écrit:

Et si les clients se contentaient de ne pas acheter, simplement ?

Si le jeu est bon, pourquoi ne pas l'acheter ?

Remarque, pourquoi pas. Les gens n'ont pas arrêtés de manger des lasagnes a cause du mauvais gout du cheval.