Celle qui asséchait les marais

Depuis que d'antédiluviens souvenirs avaient ressurgi des tréfonds de sa mémoire, il lui arrivait souvent, le soir, de sortir s'aventurer en pleine forêt pour ne regagner la taverne qu'aux premières lueurs de l'aube. Là, elle se figeait devant un grand miroir sur pieds et se regardait longuement, s'interrogeant sur sa nature profonde.
Que restait-il d'Adeline Firestorm depuis ce jour où elle et Mystra lurent ce parchemin rédigé de la main-même de Menzies le Ténébreux ? Le reflet que lui renvoyait la glace n'était pas le sien... C'était celui d'une entité appartenant à un autre univers, d'un démon voué à semer la destruction et le chaos parmi les hommes et dont la plus parfaite expression n'était autre que celle avec laquelle elle partageait ce corps nouveau, ironiquement si semblable au précédent...

Rouvrant lentement les yeux, une larme coula le long de sa joue, larme qu'elle réprima aussitôt d'un glissement de son index, s'entaillant légèrement le visage au passage.
Se relevant de toute sa hauteur, dévoilant une robe appropriée à quelques rituels obscurs, Vrejna frappa violemment de son bâton la surface de l'eau, donnant naissance à un syphon dont la puissance ne mit pas plus de quelques minutes à assécher complètement le marais!!

Vrejna : Il est temps ma belle...

Les Iles Antagonistes allaient connaître cette nuit la fureur du Tourment et le désespoir des créatures humaines. Les paroles se mirent à sortir de sa bouche, ni Mystra, ni Adeline ne connaissaient la formule, mais Vrejna savait.

Vrejna : C'est extraordinaire ce flot de puissance qui nous traverse, créer une nouvelle Porte, quel ouvrage fantastique!

La boue qui était au fond du marais devint terre aride et toute vie animale semblait s'éteindre autour.

Vrejna, grimaçante, regardant le bas de sa robe et ses bottes, maculées de boue séchée : La prochaine fois, nous ferons en sorte de faire attention à ne pas nous salir, d'accord ?

Vrejna riant à gorge déployée : Et puis quoi encore?

Marchant autour de ce qui n'était plus qu'un vaste trou béant, l'envoyée du Tourment pointa son bâton au centre de ce qui fut un marais, puis ferma les yeux.

Vrejna, commençant à incanter une formule, puis s'interrompant : Je n'aime pas me sentir sale, c'est tout... J'espère que tu n'auras rien contre un bon décrassage au retour...

Sa formule achevée, la magicienne fit quelques pas en arrière. Soudain, le sol se mit à trembler avec une violence inouie, tant et si bien que les poissons qui se mourraient sur la berge furent violemment projetés en l'air, explosant au contact d'une fine ligne verticale incandescente, semblable à un coup de ciseau donné à même le décor!

Vrejna, le regard rivé à la faille temporelle qu'elle venait de créer : A présent, il nous faut attendre que le portail prenne forme... *marche par inadvertance sur un poisson mort!* Ouch! Ca risque de sentir très fort dans le coin d'ici quelques heures... Tu les penses encore comestibles ?


Vrejna, examinant le petit être mort : Le regard vide de cette petite chose pitoyable me fait penser à Mélandru, dans ses bons jours *rit*