La nuit de la Lune Rouge

Les Krytiens venaient de rentrer de leur excursion en Fissure. Fatigués par des combats âpres chacun s’en retourna à sa chaumière. Meli arpentant l’escalier menant à sa maisonnette se sentait fiévreuse. Une fois en nuisette elle se plongea sous sa couette douillette et aspira à un repos bien mérité. Quelque minute après elle s’endormit profondément.

Cough, cough….cough, cough…. .Au milieu de la nuit Meli toussait. Sa gorge commençait à l’irriter fortement. Sa respiration devenait elle aussi difficile. La gêne étant trop importante la rôdeuse finit par se réveiller. En ouvrant ses yeux Meli fixa le plafond de sa chambre. Celui-ci était embué d’une épaisse fumée noire. A moitié endormie Meli ne réalisait pas ce qui se passait.. C’est en reconnaissant l’odeur de soufre qu’elle devint lucide .

Qu’est ce… qu’est ce qui se passe… ce…cette odeur…. !!!!
Se relevant brusquement Meli écarquilla les yeux à la vue de la chambre en feu.

Le feu….il y a le feu….ILY A LE FEU !!!!!!!!! *cria- t elle*

La rôdeuse paniquée laissa son instinct de survie prendre le dessus. Elle se rua à la fenêtre.
Soudain elle s’arrêta :

Yen …mon dieu Yen est à coté !!!

Meli se précipita dans le couloir, les flammes dévoraient les meubles , les murs , le plancher. Une main sur la bouche elle se fraya un chemin jusqu’à la chambre de sa colocataire. Elle posa la main sur la poignée , celle-ci était brûlante. Meli la tourna d’un coup sec.

Une vision d’horreur se dressait devant elle. Yen était allongée sur son lit , les bras le long du corps elle n’esquissait aucune réaction. La pièce était baignée de flammes rouges. Le plafond était devenu une scène où le feu donnait l’étrange impression de danser. Le crépitement des flammes était assourdissant.. Meli ne pouvait s’approcher de son amie, une barrière infranchissable se dressait à chacune de ses tentatives.

YEN…..YEN REVEILLE TOI ……

La moniale ne bougea pas, ne répondit pas.

YENNN….. JE T’EN SUPPLIE REVEILLE TOI…..Rien ne fit, elle resta immobile.

Les flammes commencèrent à lécher le lit de bois. Horrifiée Meli hurla de nouveau :

MON DIEU SORS DE LA ….. YENNNnnnn…. La voix de Meli se tua , noyé par le bruit du feu. Le corps lourd le rôdeuse eut du mal à rester debout . Soudain le feu se jeta sur elle et la projeta hors de la pièce. La chambre de Yen s’embrasa alors dans une chaleur de fournaise.

Meli avait du mal à rester lucide, la fumée qu’elle respirait l’affaiblissait. Elle luttait de toute ses forces pour rester éveillée. Elle tituba jusqu’à sa chambre , elle se dirigea vers sa fenêtre et sauta par celle-ci.

A demi inconsciente elle se traîna dans l’herbe. Ses poumons étaient en feu, ses muscles s’étaient raidis. Chaque mouvement s’accompagnait d’une effroyable douleur. Cette souffrance était complètement différente de celles qu’on peut éprouver avec les muscles et les os…comme ci tous les liquides de son corps étaient en ébullition. Elle rampa tant bien que mal jusqu’à la falaise. Soudain sa poitrine fut envahit d’une atroce souffrance. Meli cria de tout son être . Son corps était déchirée par une lame invisible , une main glaciale écrasait son cœur ….son estomac était empli d’aiguille qui la lacérait de l’intérieur .
Meli se releva à l’agonie, elle posa son regard sur la Lune.
Une Lune rouge illuminait la nuit étoilé. L’astre avait un effet hypnotique sur la rôdeuse. Elle tendit la main comme pour attraper cette Lune. Elle fit un pas puis un autre … son dernier pas ne rencontra pas le sol mais le vide. Meli chuta depuis la falaise.

AAAAAAAAAaaaaaaaaahhhh……..Le souffle court Meli cessa de hurler. Assises dans son lit elle regarda autour d’elle. Pas de feu , pas de fumée irrespirable, non tout était calme.

Un cauchemar se dit elle, c’était un effroyable rêve. Elle bondit hors de sa couche et se rua vers la chambre de Yen. Arrivée devant la porte elle hésita, sa main tremblait. La vision de découvrir son amie morte la terrorisait. Prenant une grande inspiration elle entra .Elle tomba sur ses genoux lorsqu’elle vit son amie saine et sauve. Yen dormait paisiblement, le cri de Meli ne l’ayant pas réveillée. La rôdeuse s’approcha du lit.
Yen chérie …tu n’as rien , tout ceci était faux. Après avoir déposé un baiser sur son front Meli retourna silencieusement dans sa chambre. La main sur le cœur elle repensa à son rêve qui était si réel. Cette Lune rouge , elle était déjà là le jour où la famille de Meli périt dans un incendies.
Pourquoi dois je sans cesse revivre cette nuit…pourquoi suis-je incapable de sauver les êtres qui me sont chers….Papa, maman, Teli…vous me manquez tant…La rodeuse pleura, submergée par les souvenirs heureux de sa vie d’avant le drame. S’essuyant les yeux elle regarda la cicatrice sur son pouce. Meli esquissa un frêle sourire, cette coupure au doigt suffisait pour l’apaiser et sécher ses larmes.

Fixant le plafond de sa chambre Meli prononça ses mots :
Je ne suis plus seule aujourd’hui, j’ai une personne qui est toute ma famille et qui m’aime.

Elle ferma doucement les yeux et se laissa glisser dans le monde de Morphée.