Nostalgie

Sombre était le ciel pour cette heure, Ascalon n'était plus celle d'antant. Tylcie fut pris d'une soudaine nostalgie en voyant une troupe de Chaars ruminer à quelque lieux de là et soudainement, elle prit une flèche, la plus dure qu'elle posseda et grava sur un roc quelques mots ...

Citation :

Pays de ma naissance
Contrées de mon enfance

Qui, par folie grandissante
De civilisations Démentes
Plus jamais ne sera
A jamais sombrera

Mais la vie sans céssée
Longue comme éterninité
D'aucun cas ne se taira
tant que peste il y aura

Pays de ma naissance
Contrées de mon enfance

Ascalon, de mon être
Ascalon, de mon âme
Nous nous réunirons
Pour toujours te défendrons

Tylcie relit ces mots une dernière fois... Elle sentait le goût de l'amertume la gagner et, avant de s'effondrer en larmes elle frappa de toutes ses forces ce caillou qu'elle avait immortalisé.

Pourquoi les chaars avaient t'ils détruit sa famille ? Pourquoi avaient t'ils réduit Ascalon au néant ? Aujourd'hui encore il terrorise les populations. Est-ce notre destin, à nous les Hommes, tout cela a t'il un sens ? Devions nous vivre cela, peut être est ce aussi la voie vers un nouveau monde...

Tylcie releva la tête, jeta un dernier coup d'œil sur la pierre et déclara de vive voie, comme si le monde devait l'entendre : Nous devons depasser notre peur, nos angoisses, nous libérer de nos prisons émotionelles, nous le devons, sans quoi nous ne vaincrons jamais.

Tylcie entendit un léger grognement, assez imperceptible, juste derrière elle. Mine de rien elle se retourna discrètement... elle compta deux chaars guerriers, un guérisseur, et aperçue derrière eux une ombre massive qui cachait la lune.

Depuis quand les Chaars sont discrets ? Ou bien est ce moi qui étais noyé dans mes pensées. Quoi qu'il en soit il fallait agir et vite, ces bestiaux là n'étaient pas là par politesse et n'étaient pas non plus connus pour leur patience. Tylcie était néanmoins tétanisée, de vieux souvenirs surgirent dans son esprit...

Citation :

Nous devons dépasser nos peurs, nos angoisses, nous libérer de nos prisons émotionnelles, nous le devons, sans quoi nous ne vaincrons jamais.

Ce n'est pas moment de flancher, Les grognements discrets devinrent de sauvages hurlements, Tylcie sauta derrière le rocher et eut tout juste le temps d'esquiver la lame aiguisée de l'un des guerriers. Les étincelles dues au choc entre la lame et le rocher éclairèrent un instant les lieux, c'est ce moment que choisit Tylcie pour lancer un mélange aveuglant de sa conception aux yeux de ces monstres... cela lui laisserait un laps de temps supplémentaire, un moment, qui, et Tylcie le savait, pouvait changer l'issue de l'affrontement.

...

D'abord le guérisseur, une règle de base que lui avait apprise son grand-père. Tylcie profita de l'effet de l'aveuglement pour se glisser sous la cible, dans l'action elle aperçut plus clairement l'ombre massive. C'était un chef Chaar, une odeur pestilentielle se dégageait de lui.

Elle arracha à son sac un module en fer qu'elle installa en un instant aux pieds du guérisseur puis bondit rapidement avant de décocher une flèche empoisonnée dans la cuisse du monstre, ça ne suffirait pas... Le Chaar hurla, se retourna brusquement, la fixa rageusement et s'avança légèrement. Un petit cliquetis retentit quand le piège empala l’adversaire qui s'effondra aussi sec. Et de un ! se dit Tylcie. A peine une minute s'était écouler et le plus dur était à venir.

Les deux guerriers se ruèrent sur elle, vociférant des cris gutturaux, l’aveuglement prenait fin, la charge était violente. Tylcie, à une vingtaine de mètre maintenant, lâcha instinctivement une rafale de flèches dans les jambes des attaquants qui trébuchèrent sans pour autant s'arrêter, elle arma à nouveaux ses flèches empoisonnées et en distribua une par assaillant. Le mieux maintenant était encore de courir et attendre que le poison fasse effet, le guérisseur ne pouvait plus rien pour eux.

- Et le chef, que faisait t’il ?

Les deux guerriers agonisaient à terre quand Tylcie se retourna. Le chef Chaar regardait avec pitié ses frères de guerre, il leva la tête. Il souriait, indifférent, laissant d’énormes crocs jaunâtres déborder de sa bouche. Sa bave dégoulinait le long de ses Joux.

Il n’avait pas agit du combat, On aurait dit qu’il attendait qu’ils soient seuls Elle et lui., il tenait son Marteau sur son épaule, ses yeux devinrent méprisant, narquois. Subitement il pilonna en hurlant et avec une dextérité remarquable, le sol, retournant ainsi la terre. Tylcie comprit : C’était un genre d’invitation au combat, un défie.

Elle n’avait pas pensé à ce scénario. Ce soir, elle était d’humeur plutôt nostalgique. Mais au fond de son être, ce combat lui faisait du bien, il contribuait d’une certaine manière à la destruction de l’origine de ses maux.

Ses muscles se contractèrent, son cœur tambourina tout son corps. Les yeux grands ouverts scrutaient le colosse charr à quelques mètres devant elle, à l’affût du moindre indice qui annoncerais le début des hostilités. Il ne bougeait plus, il attendait arborant toujours le même sourire.

- Eh bien ! Qu’est ce que tu attends, je … Vérole ! Va en enfer …

Tylcie perdit patience et dans sa fureur, tira deux flèches qui se plantèrent respectivement dans l’abdomen et le bras droit de la cible puis … le silence, aucune réaction, le monstre, stoïque, se tenait là sans broncher.

- Qu’est ce que ça signifie, que veux tu à la fin ?

Le silence toujours …

- Ce que je veux, je veux que tu acceptes ta douleur !

Tylcie resta bouche bée, ce Charr lui avait parlé, sa voix était rauque mais intelligible, elle n’avait pas rêvait. Je devient folle … Non ! Comme pour s’en assurer elle décocha une de ces flèches les plus robuste, celle avec laquelle elle avait gravé ces quelque mots un instant auparavant. Le projectile vrilla droit dans la tête et finit sa course dans l’orbite gauche du Charr. Il ne bougea pas, du sang ruisselait de son visage et couvrait son corps. Même avec un œil restant, Tylcie s’aperçue que son regard avait changé. Il s’adressa à nouveau à elle.

- Si tu veux réellement agir pour Ascalon et même pour la Tyrie, tu dois commencer par accepter ta douleur.
- C’est le monde à l’envers, comment peux –tu me dire ce que je doit faire, comment fait-tu pour ne pas broncher, tu es bien amoché, je n’y comprends rien.
- Réfléchit mieux, tu comprendras. Tes Émotions, ce sont elles qui dicte tes actions, qui modèle ta perception, n’est ce pas ?…
- Soit plus clair, que me veux-tu, QUI ES–TU ?
- Oh, ne me dit pas que tu n’as pas encore Compris …

Le silence revint, le silence était toujours là, le silence était immuable.

- Je suis ... TOI, Tylcie, ou plus précisément, tes angoisses, tes peurs, tes maux …

Sur cette parole, Tylcie frémit, elle hurla de toutes ses forces … puis le silence, à nouveau, elle était seule. Il n’y avait pas de cadavre. Le chef Charr n’était plus. Elle était là, seule avec son chagrin.

Citation :

Nous devons dépasser nos peurs, nos angoisses, nous libérer de nos prisons émotionnelles, nous le devons, sans quoi nous ne vaincrons jamais.