L'homme d'âge mûr, venait de déposer sa lourde épée au pied d'un solide chêne. La neige commençait à tomber et les branches de l'arbre se paraient d'une fine couche de poudreuse. Il regardait les élèves finir leur entraînement quand soudain il vit une silhouette familière se diriger vers lui. Les jeunes hommes qui se livraient à des joutes amicales, s'interrompirent et saluèrent tous la souveraine. La séduisante quadragénaire arriva à sa hauteur et lui tendit une lettre.
– Tiens, c'est pour toi, dit-elle. Elle vient d'arriver. Tu rappelleras à notre intendant que je ne suis pas une messagère, mais la Reine!
– Et tu parles au Roi, répliqua t-il.
– Vu que tu ne partages plus guère ma couche, permets-moi d'en douter.
On entendit quelques rires, vite réprimés par le lancer précis d'une dague qui vint se planter a quelques centimètres de l'entrejambe d'un des élèves qui s'était assis.
– Vous ai-je demandé de vous arrêter, hurla le maître d'armes.
Tous les jeunes hommes se remirent immédiatement à l'entrainement.
– Tu ne l'ouvres pas, s'impatienta la Reine.
– Je suppose que tu ne t'es pas privé de ce plaisir, alors je t'écoute.
– Te souviens-tu de l'Œil Croustillant ?
Les souvenirs rejaillirent immédiatement dans la tête du Roi. Comment oublier un tel endroit, comment oublier de tels compagnons et bien sûr comment oublier Kira et Alexia.
– Vaguement, répondit-il.
– Ta mère, elle aimerait que tu te rendes à la Taverne.
– Dit-elle pourquoi ? interrogea le Roi.
– Lina, tu plaisantes !
– Mouais, elle a sûrement oublié qu'il me fallait au moins une semaine de cheval pour y aller.
– C'est ta mère... Vas-y cela nous permettra de réfléchir un peu chacun de notre côté.
Depuis quelques temps, les souverains se chamaillaient régulièrement et la Reine saisissait la moindre occasion pour fuir son époux.
– Non, je n'en ai pas envie, je ne suis plus un jouvenceau, il fait froid, je répondrai à mère dans quelques jours.
– Tu préfères resté avec moi ? demanda la Reine avec un rictus sadique.
– J'ai compris... A mon retour, toi et moi il faudra qu'on parle.
– Voilà, à ton retour nous parlerons.
Après plusieurs jours de chevauchée, Maxyim Ambre vit enfin la bâtisse qu'il souhaitait atteindre. Quelques minutes plus tard, il attacha son cheval au même tronc d'arbre que celui où il avait eu l'habitude de laisser sa monture du temps de ses nombreuses visites à la Taverne.
Ronchon, il attrapa son épée, la plaça derrière son dos, enleva sa capuche, de laquelle tomba un peu de neige, et poussa la porte de l'établissement.